Armements nucléaires

Les arsenaux nucléaires mondiaux augmentent tandis que les États continuent de les moderniser ; parution du nouveau « SIPRI Yearbook »

Communiqué du SIPRI

Armes nucléaires Prolifération nucléaire Stratégies nucléaires

Mise en ligne : Dimanche 13 juin 2021
Dernière modification : Mardi 30 août 2022

(Stockholm, 14 juin 2021) – Le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) publie aujourd’hui les conclusions du « SIPRI Yearbook 2021 », qui fait état de la situation actuelle en matière d’armements, de désarmement et de sécurité internationale. L’une des principales conclusions est que malgré une diminution globale du nombre d’ogives nucléaires en 2020, davantage ont été déployées avec les forces opérationnelles.

Signes que la diminution des arsenaux nucléaires est stoppée

Les neuf États dotés d’armes nucléaires - États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine, Inde, Pakistan, Israël et République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord) - possèdent environ 13 080 armes nucléaires début 2021. Cela représente une diminution comparée aux 13 400 armes nucléaires que le SIPRI avait estimées être en possession de ces États début 2020 (voir tableau ci-dessous).

Malgré cette diminution globale, le nombre estimé d’armes nucléaires actuellement déployées avec les forces opérationnelles est passé à 3 825, contre 3 720 l’an dernier. Environ 2 000 d’entre elles - dont la quasi-totalité appartient à la Russie ou aux États-Unis - étaient maintenues en état d’alerte opérationnelle élevé.

Bien que les États-Unis et la Russie continuent à réduire l’ensemble de leurs stocks d’armes nucléaires en démantelant des ogives retirées en 2020, on estime qu’ils avaient tous deux environ 50 ogives nucléaires de plus en déploiement opérationnel début 2021 qu’un an plus tôt. La Russie a également augmenté l’ensemble de son arsenal nucléaire militaire d’environ 180 ogives, principalement en raison du déploiement d’un plus grand nombre de missiles balistiques intercontinentaux terrestres multi-ogives (ICBM) et de missiles balistiques mer-sol (SLBM). Les forces nucléaires stratégiques déployées par les deux pays sont restées dans les limites fixées par le Traité de 2010 sur les mesures de réduction et de limitation supplémentaires des armes stratégiques offensives (New START), cependant celui-ci ne limite pas le total des stocks d’ogives nucléaires.

« Le nombre total d’ogives dans les stocks militaires mondiaux semble désormais augmenter. Ceci est le signe inquiétant que la tendance à la baisse, qui caractérisait les arsenaux nucléaires mondiaux depuis la fin de la guerre froide, est inversée », précise Hans M. Kristensen, chercheur associé au programme Désarmement nucléaire, contrôle des armements et non-prolifération du SIPRI et directeur du Nuclear Information Project à la Federation of American Scientists (FAS). « L’extension de dernière minute de New START par la Russie et les États-Unis en février dernier a été un soulagement, mais les perspectives d’un contrôle bilatéral supplémentaire des armes nucléaires entre les superpuissances nucléaires restent faibles. »

La Russie et les États-Unis possèdent à eux seuls plus de 90 % des armes nucléaires mondiales. Tous deux ont des programmes vastes et coûteux en cours pour remplacer et moderniser leurs ogives nucléaires, leurs systèmes de lancement de missiles et d’avions et leurs sites de production.

«  La Russie et les États-Unis semblent accroître l’importance qu’ils accordent aux armes nucléaires dans leur stratégie de sécurité nationale », souligne Hans M. Kristensen.

D’autres États dotés d’armes nucléaires investissent dans de futures capacités

Les sept autres États dotés d’armes nucléaires développent ou déploient également de nouveaux systèmes d’armes ou ont annoncé leur intention de le faire. Dans sa revue stratégique en matière de sécurité, de défense et de politique étrangère, publiée début 2021, le Royaume-Uni a modifié sa politique de réduction de l’arsenal nucléaire du pays et a augmenté le plafond maximum de son stock d’ogives nucléaires de 180 à 260.

La Chine est en plein modernisation et développement importants de son stock d’armes nucléaires, et l’Inde et le Pakistan semblent également étendre leurs arsenaux nucléaires.

La Corée du Nord continue de renforcer son programme nucléaire militaire comme élément central de sa stratégie de sécurité nationale. Bien qu’elle n’ait effectué aucun essai nucléaire ni test de missile balistique à longue portée en 2020, elle a poursuivi la production de matières fissiles et le développement de missiles balistiques à courte et longue portée.

«  L’entrée en vigueur du traité sur l’interdiction des armes nucléaires début 2021 souligne le fossé grandissant entre les États dotés d’armes nucléaires, qui investissent tous dans un avenir à long terme de leurs forces nucléaires, et les autres pays impatients de voir des progrès en matière de désarmement nucléaire promis par le Traité de non-prolifération nucléaire  », souligne Matt Korda, chercheur associé au programme Désarmement nucléaire, contrôle des armements et non-prolifération du SIPRI et au Nuclear Information Project à la FAS.

Forces nucléaires mondiales, janvier 2021

Des perspectives mitigées pour la sécurité et la stabilité mondiales

La 52e édition du SIPRI Yearbook révèle des évolutions à la fois négatives et prometteuses en 2020.

«  En dépit du déclenchement de conflits, de l’augmentation des dépenses militaires et bien sûr de la première année d’une pandémie mondiale dévastatrice, la sécurité humaine mondiale n’a pas continué à se détériorer en 2020. Les quelques lueurs d’espoir de l’année se traduisent par une baisse significative du nombre de personnes décédées dans les conflits armés dans le monde. Contrairement aux années précédentes, le commerce international des armes n’a pas augmenté. Et le Climate Action Summit a permis de réaliser des progrès notables, bien qu’insuffisants, sur les objectifs climatiques », déclare Dan Smith, directeur du SIPRI.

En plus de couvrir de manière détaillée les questions de contrôle des armes nucléaires et de non-prolifération, la dernière édition du SIPRI Yearbook comprend également des informations sur l’évolution du contrôle des armements conventionnels en 2020 ; des aperçus régionaux des conflits armés et la gestion des conflits ; des données et des analyses approfondies sur les dépenses militaires, les transferts internationaux d’armements et la production d’armes ; ainsi qu’une couverture complète des efforts dans la lutte contre les menaces pour la sécurité chimique et biologique.

Traduction française : Aziza Riahi, Observatoire des armements

À l’attention des rédacteurs

Le SIPRI Yearbook est un condensé d’informations pointues sur le développement des armements, le désarmement et la sécurité internationale. Quatre grands ensembles de données du SIPRI Yearbook 2021 ont été publiés : le TOP 100 des entreprises productrices d’armements (décembre 2020), les transferts internationaux d’armements (mars 2021), les dépenses militaires mondiales (avril 2021) et l’évolution des opérations multilatérales de maintien de la paix (mai 2021). Les précédents communiqués sont disponibles sur : www.sipri.org/media/pressreleases. Le SIPRI Yearbook est publié par Oxford University Press. Pour plus d’informations : www.sipriyearbook.org.

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